Portrait Startup : DentalIAssist

3 questions à Cécile Nicolas , fondatrice de DentalIAssist. Présente à l’événement “Femmes & Numérique” le 20 novembre prochain, Cécile Nicolas, chirurgien-dentiste et fondatrice de DentalIAssist, a imaginé une solution d’intelligence artificielle pensée pour soulager les professionnels de santé.

DentalIAssit est projet né de l’expérience du terrain, avec un objectif simple : rendre le quotidien des soignants plus serein et plus humain.
Actuellement engagée dans le challenge Solutions4Good, elle poursuit sa démarche d’innovation au service d’un numérique à impact positif.

1. DentalIAssist est née de ton expérience en cabinet dentaire. Peux-tu nous raconter ton parcours et nous présenter la mission de DentalIAssist ?


Je suis chirurgien-dentiste en exercice libéral à Quimper depuis plus de dix ans. J’aime profondément mon métier : soigner, accompagner mes patients, les voir sortir soulagés, rassurés. C’est ce qui m’a toujours portée.

Mais au fil des années, la pression du quotidien a augmenté : les urgences de plus en plus nombreuses à cause du manque de praticiens, le téléphone qui ne s’arrête jamais, la surcharge administrative, les tensions dans l’équipe parce que tout le monde est épuisé et n’arrive plus à bien communiquer, la difficulté à garder son personnel et à recruter…

Deux fois, j’ai frôlé le burn-out, parce que quand on est soignant, il est difficile de s’autoriser à prendre du temps pour prendre soin de soi.
On culpabilise, on se dit que ça va passer… et on y retourne… à chaque fois.

J’ai alors cherché des solutions pour me redonner de l’élan et soulager ma pratique.
C’est pourquoi, en plus d’un suivi psychologique, je me suis tournée vers la technologie.

J’ai introduit, dès 2017, des outils numériques pour moderniser et faciliter mon quotidien.
La CFAO (conception-fabrication assistée par ordinateur), pour réaliser des couronnes directement au cabinet, a été pour moi et mes patients une vraie révolution. C’était déjà une forme d’IA, même si à l’époque on parlait plutôt d’algorithmes.

Parce que le numérique et l’innovation ont toujours été des sujets qui me passionnent, j’ai passé un DU Esthétique et Numérique à la faculté de Brest en 2021-2022.

J’ai ensuite rapidement intégré des solutions d’intelligence artificielle pour l’analyse des radiographies panoramiques. Cela me rassurait de savoir qu’un logiciel pouvait soutenir mon jugement clinique ou me montrer des choses que j’aurais potentiellement pu oublier ou ne pas voir à cause de la fatigue et du rythme soutenu.

C’était très intéressant : plus efficace, plus précis, plus confortable. Cela m’a fait du bien et m’a aidée à retrouver de la sérénité… mais ça n’a pas suffi.

Ces outils aident le praticien, c’est indéniable, mais ils ne prennent pas en compte tout ce qui pèse sur une équipe au quotidien. Ils ne réduisent pas les interruptions pendant les soins, le téléphone qui sonne non-stop, l’agressivité des patients, la charge mentale qui s’accumule et toutes les micro-frictions qui usent les assistantes.

C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’il fallait créer de nouveaux outils, pensés non pas uniquement pour le clinicien, mais pour l’ensemble de la chaîne de soins.

Après une agression verbale violente, je me suis dit qu’il ne fallait pas être humain pour supporter tout cela.

Voilà comment est né DentalIAssist : utiliser l’IA comme soutien émotionnel, organisationnel et clinique, pour remettre du calme, de l’efficacité et de la sérénité dans les cabinets.
En d’autres mots : protéger et prendre soin de ceux qui soignent, pour qu’ils puissent continuer à aimer leur métier et à s’occuper de leurs patients.

2. L’IA est au cœur de DentalIAssist. Comment faites-vous en sorte qu’elle libère du temps aux équipes soignantes et les aide à se recentrer sur leurs patients ?

Mon constat, c’est qu’actuellement, beaucoup d’outils se concentrent sur l’expérience patient. C’est important… mais cela ne résout pas le cœur du problème : si les équipes médicales s’épuisent, c’est toute la chaîne de soin et le système de santé qui se fragilise.

En réalité, dans un cabinet dentaire, ce ne sont pas les actes médico-chirurgicaux qui usent. Ce sont tous les à-côtés : les micro-interruptions, l’information qui se perd et les décisions prises dans le flou faute de temps pour communiquer correctement.

Tout cela entraîne de la désorganisation et parfois même des erreurs. Et quand on travaille dans le soin, le risque d’erreur est une véritable source de stress et de tension dans les équipes.

DentalIAssist, c’est un flux de travail réinventé et pensé sous le prisme de l’expérience de ceux et celles qui sont au centre du système : les soignant(e)s.

Il agit en soutien aux assistant(e)s et secrétaires dans leurs prises de décisions cliniques, en structurant, hiérarchisant et sécurisant la circulation de l’information.

Il redonne aussi du temps clinique et de la sérénité aux praticien(ne)s en les libérant des tâches chronophages.

L’objectif est de recréer des ponts entre les praticien(ne)s et leurs collaborateurs-trices, là où, par manque de temps, la communication peut se distendre.

Le flux de travail de Dentaliassist commence dès la prise de rendez-vous : l’information et les demandes des patients (urgences, rendez-vous, questions) sont recueillies, notre IA analyse, trie et les transfère dans les différents modules du workflow de DentalIAssist en fonction des besoins (agenda intelligent, plan de traitement, documents médicaux, comptes rendus, etc.). Le workflow de DentalIAssist couvre un large spectre de besoins et est prévu pour être évolutif (structure modulaire) afin de couvrir les usages actuels et à venir.

Notre IA n’externalise pas, ne remplace personne, ne décide pas seule : la validation humaine est systématiquement obligatoire. L’humain reste au centre de chaque décision médicale.

Elle accompagne, cadre, sécurise et redonne de la place au soin, à l’écoute et à l’humain.

3. Comment imagines-tu DentalIAssist dans quelques années ?

La structure modulaire de DentalIAssist est prévue pour évoluer et continuer à accompagner de plus en plus d’équipes dentaires, en continuant à répondre au mieux à leurs besoins.
DentalIAssist est la première verticale d’un écosystème plus large : LibiAssist.
Les briques techniques, le modèle de données et les choix d’architecture ont été pensés dès le départ pour accueillir d’autres professions.
Dans les prochaines années, l’idée est de décliner cette approche organisationnelle et humaine auprès d’autres professions de santé qui vivent les mêmes pressions au quotidien et si nous pouvons étendre LibiAssist en Europe, ce serait une belle réussite, car notre ambition n’est pas seulement technique : elle est profondément humaine. Permettre aux équipes médicales de travailler mieux, plus sereinement et durablement.

Cécile Nicolas 

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